Gendarme le plus célèbre de l'univers du trail tricolore, Michel Lanne ne volera plus au-dessus des Alpes, dans son hélicoptère du PGHM. À 41 ans, le secouriste, ancien athlète du team Salomon, a annoncé sa retraite, quatre années après avoir mis un terme à une carrière sportive riche de nombreux faits d'armes, dont un sacre sur la CCC et la TDS.
Salut, c’est Franck Berteau de Distances+,
Cette fin d’année 2025 est donc l’occasion de mettre à l’honneur Michel Lanne. Figure française du trail et de l’ultra-trail dans les années 2010, le gendarme, amoureux du massif des Aravis, a décidé de prendre sa retraite après 23 ans de bons et loyaux services au sein du PGHM (pelotons de gendarmerie de haute montagne). Une carrière saluée sur les réseaux sociaux par nombre de ses amis, parmi lesquels François D’Haene ou encore le sextuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade.
L’amitié, c’est aussi le fil conducteur traversant le film documentaire de Simon Dugué, “Ma victoire à la Diagonale des fous”, consacré au succès de Baptiste Chassagne sur l’île de La Réunion, lors de la 33e édition du Grand Raid. De quoi réinterroger le rôle de l’entourage d’un sportif de haut niveau, des liens et des relations qui parfois paralysent. Ou subliment, en l’occurrence.
Bonne lecture ! Bon Extra D+ !
(Photo de couverture : © UTMB® / Franck Oddoux)
Après ses adieux à la compétition en 2021, Michel Lanne, ancien traileur et ultra-traileur, vient d’annoncer sur ses réseaux sociaux prendre une autre retraite, cette fois-ci au sein du PGHM. Haut-Savoyard d’adoption, le Pyrénéen avait intégré ces unités spécialisées dans le secours aux victimes dès l’âge de 18 ans, à l’image de son père, attiré par “cet énorme hélicoptère bruyant et effrayant”. S’il a écrit sa fierté d’avoir fait partie de cette “famille”, affirmant “l’admiration” et “le respect” qu’il éprouve pour ceux qui la composent, le gendarme a aussi évoqué l’aspect plus sombre de son métier, qui cache “des drames, des souffrances” et “des tragédies”.
Dans les années 2010, Michel Lanne avait fait les beaux jours du team Salomon aux côtés de Kilian Jornet et François D’Haene, remportant main dans la main avec ce dernier le 80 km du Mont-Blanc (78 km et 6000 m D+), en 2013, puis deux victoires prestigieuses à Chamonix, lors de la semaine de l’UTMB : l’une sur la CCC (101 km et 6100 m D+), en 2016, puis l’autre sur la TDS (120 km et 7000 m D+), en 2017, devant Antoine Guillon — le vainqueur de la TransMartinique dont nous vous parlions dans notre dernier Extra D+ — et Sylvain Camus. En 2019, celui que ses proches surnomment “Mitch” s’était aussi imposé sur la Salomon Gore-Tex MaXi-Race (83 km et 5000 m D+), à Annecy.
Michel Lanne après sa victoire sur la MaXi-Race. © Nicolas Fréret / Distances+
L’homme du PGHM s’était aussi essayé à l’UTMB (en 2018, DNF) ainsi qu’à la Diagonale des fous en 2011 et 2015. Des incursions sur l’île de La Réunion soldées par deux 7e places. Sa retraite de la gendarmerie pourrait-elle lui donner des idées, comme celle, par exemple, de se représenter sur les lignes de départ d’ultra-trail de ce calibre, dans un registre plus amateur ? Pour la suite, Michel Lanne s’est contenté d’expliquer sur son compte Instagram qu’il envisageait de se “recentrer sur l’essentiel”, à savoir ses trois enfants, tout en laissant planer le mystère sur la nouvelle vie qui s’offrait à lui et ses éventuels projets futurs.
Sur le boulevard Hubert Delisle, à Saint-Pierre, cette grande voie plongée dans la ferveur réunionnaise au départ de la Diagonale des fous, Baptiste Chassagne se rappelle avoir eu un flash. Une pensée survenue aussi brutalement qu’un cri d’encouragement puis aussitôt envolée : “Au bout d’un kilomètre, c’est super bizarre mais je me suis dit, aujourd’hui, je vais gagner.” Cette sensation prémonitoire, l’athlète du team On la confesse dans un documentaire disponible sur Youtube depuis début décembre, et sobrement intitulé “Ma victoire à la Diagonale des fous”.
© Simon Dugué
L’ultra-traileur a décidé de raconter ce triomphe sous l’angle original de son amitié avec le vidéaste Simon Dugué, réalisateur du film. Liés depuis cinq ans à la suite d’un “coup de foudre amical”, les deux hommes partagent non seulement une passion pour les grands espaces et ce sport d’endurance mais aussi pour le club de football de l’AS Saint-Etienne, dont ils sont tous les deux de fervents supporters. D’ailleurs, alors que le futur vainqueur de la 33e édition de la Diagonale des fous descendait vers Saint-Denis, les enceintes du stade de La Redoute — où se trouve l’arrivée — diffusaient en son honneur la chanson “Allez les Verts !”, l’hymne historique du club, écrit dans les années 1970.
L’une des séquences les plus intimes et marquantes de ce travail provient d’une question posée par Baptiste Chassagne à Simon Dugué, face caméra : “Tu attends quoi de moi ?” Ces mots renferment l’introspection sincère d’un athlète qui se sait suivi par un professionnel — et ami — témoin régulier d’exploits sportifs et ayant l’habitude de côtoyer d’autres champions tels que Jim Walmsley ou François D’Haene. Ils disent la pression supplémentaire, voire la quête d’exigence, découlant de ce type de comparaisons. Le supplément d’âme, surtout, que peut générer l’envie de procurer des émotions fortes à des proches, comme en témoigne leur puissante étreinte finale.
Mettant en scène l’entourage du Lyonnais d’origine — son manager Grégory Jacquet ou encore son père, Vincent Chassagne, avec ses allures de garde du corps sur les ravitaillements —, le film alterne interviews et images de course sur un fond de Symphonie n°40 de Mozart. Une œuvre composée par l’enfant prodige autrichien à 32 ans, l’âge que Baptiste Chassagne a célébré le 27 octobre, quelques jours après avoir signé le premier grand sacre de sa carrière, sur l’île intense.
+ À voir, “Ma victoire à la Diagonale des fous”, réalisé par Simon Dugué, avec Léo Girard (Youtube, 29 min).
Présentation des élites féminines lors de la Western States 2025. © Quentin Orain / Distances+
Elles seront toutes là, sans exception. Comme le veut la tradition, le 6 décembre, en marge du tirage au sort de la Western States 2026, l’organisation de l’événement a invité l’intégralité des top 10 féminins et masculins de la précédente édition à revenir courir l’été prochain, à Olympic Valley (Californie, États-Unis), le plus vieux 100 miles au monde. Si, chez les hommes, les Américains Caleb Olson (1er) — qui préfère se concentrer sur l’UTMB — et Chris Myers (2e), ainsi que le Slovaque Peter Frano, ont fait savoir qu’ils ne prendraient pas le départ, les dix premières femmes ont elles déjà toutes confirmé leur présence.
Sous la chaleur californienne, on assistera donc à un bis repetita entre, dans l’ordre du classement 2025, Abby Hall (États-Unis), Fuzhao Xiang (Chine), Marianne Hogan (Canada), Ida Nilsson (Suède), Fiona Pascall (Royaume-Uni), Hau Ha (Vietnam), Hannah Allgood (États-Unis), Caitlin Fielder (Nouvelle-Zélande), Keely Henninger (États-Unis) et Emily Hawgood (Zimbabwe).
À ces athlètes s’ajouteront deux autres prétendantes : l’Américaine Tara Dower, qui a décroché son “Golden Ticket” pour la Western States lors de la Javelina Jundred (Arizona), en octobre, et ambitionne d’enchaîner cette course avec la Hardrock 100 ; la Polonaise Martyna Mlynarczyk, qui a elle obtenu sa place à Olympic Valley grâce à sa victoire sur la CCC, en août, à Chamonix.
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